Lundi 29 mars 2010 à 9:57

 
Je t'ai revu, il y a quelque jours. Tu dansais, et tu avais l'air heureuse.
Le groupe était mauvais, pourtant. Le chanteur dénonçait le traitement des enfants du tiers monde en portant des chaussures nike, puis a repris Mano Solo avec une démagogie à s'enfoncer deux doigts dans la gorge.
Je ne sais si tu l'a aimé quand même, ou si tu avais simplement envie de t'amuser. 
Je ne sais pas si tu m'a vu. 

Est ce que tu te souviens ? Quand on était petites, aux corps d'adolescentes, aux tentaculaires sensations d'adultes, mais petites quand même. Un jour, un soir, il faisait déjà nuit. C'était l'été, on avait fait un feu dans le jardin, l'odeur de fumée dans nos cheveux, nos cheveux de porcelaine pâle et de noisette chaude. 
On avait mis des pommes de terre dans les braises. Et avec une petite pelle, on remuais régulièrement, on a laissé la pelle dans les braises longtemps, et on voyait le métal prendre très lentement la couleur d'une lumière en sang. Et puis, je ne sais plus ce qu'on a fait exactement, mais je me souviens qu'on a sorti la pelle, qu'on la laissé poser sur l'herbe, l'herbe fraîche la nuit, avec la rosée déjà descendu, et comme c'était la nuit, on ne l'a plus vu, et j'ai fini par me cogner contre. Je ne sais plus si j'ai gémi, si j'ai crier, mais je me souviens de la sensation du fer brûlant contre ma peau, et maintenant, j'ai une marque, une cicatrice au dos de la jambe, très clair et lisse au toucher. 
Des années ont passé, et tout mon corps, mon âme, si tant qu'on en est une, ont gardé ton empreinte, comme j'ai gardé cette marque là. Mémoire vive. 

A ce concert, il y a quelques jours, je ne sais pas si tu m'a vus, probablement, on était à deux mètres l'une de l'autre. Je t'ai regardé danser, crier, applaudir, tu avais bien meilleure mine que ces années là. Mais on ne s'est pas parlé, on ne s'est pas dit bonjour, on a fait semblant de ne pas se voir. Je t'ai regardé ne pas me regarder, et puis je me penchais vers la chaleur de mes compagnons de maintenant, mon toujours et sa demoiselle-roseau et on se chuchotait autre chose, et quand l'un t'a désigné, j'ai rien répondu.

Hier, avec la demoiselle-roseau, on parlait des amitiés fusionnelles, des âmes soeurs. Je ne sais pas si tu en a été une, mais depuis qu'on s'est perdus, je vis toujours avec un trou dans le corps. Jamais comblé, en dépit des autres amitiés, des autres amours. 



http://skanarde-saugrenue.cowblog.fr/images/vertigobym0thyyku.jpg J'entend vos respirations.
 


Vous m'aurez plus

Vendredi 19 mars 2010 à 21:37


C'est pas grave.
C'est pas grave si les morceaux ne se joignent pas, c'est pas grave que chaque éclats du miroir cassé reflètent des choses différentes. Des lumières, du noir suintant, des poings d'interrogation, des poings d'exclamation, superposés et muets. La fatigue, la beauté, le silence, le manque, le rire. 

C'est pas grave. 

C'est pas grave. On parviendra bien a faire une tambouille modeste et bizarre avec tout ça.

C'est pas grave. On n'a qu'a ramasser les morceaux qui reste, peu importe de prendre ses précautions, peu importe, les plus pointus couperont forcement, des fragments s'en détacheront, se ficheront sous la peau, sur les os, puis ils partirons un jour. C'est comme ça, c'est pas grave. Ils s'émousseront tous, toute façon. C'est pas grave, on n'a qu'a avancer avec ceux qu'on a, et puis ne plus pleurer sur ceux qui s'échappe, ne pas saigner sur ceux qui s'enfoncent

C'est pas grave.  
Ne pas s'arrêter de marcher, le reste c'est pas grave. Ne pas oublier la lumière. 


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Samedi 27 février 2010 à 22:41

 

   A l’arrêt de bus, c’est la nuit, c’est toujours la nuit. Les voitures sont rares, le silence frileux et suspendu, le froid engourdissant donne envie de se rétracter à l’intérieur de soi, de se recroqueviller les bras autour de la tête, les jambes contre le ventre, la tête sur la poitrine, et de laisser juste ses yeux ouverts entre les doigts écartés.

Appuyé contre un panneau, lumineux et aseptisé, il y a une très jeune fille. Ses jambes ressemblent a des allumettes, ça fait mal de les regarder. Ses pieds menus tiennent maladroitement dans des talons beaucoup trop hauts, beaucoup trop fins, beaucoup trop femme pour elle. Son slim la colle comme une membrane artificiel, son slim rouge, d’un rouge vif et plein, presque odorant, aussi rouge et sombre que le sang qui a du prématurément coulé sur ses cuisses à la finesse encore enfantine, le sang qui a taché la blancheur de son corps, son corps caressé comme celui d'une poupée de chair, utilisé comme un jouet humain. 

 *

Maintenant, dans ce matin qui peine à s’éveiller, cette fille est là, discutant d'une voix forte et assuré avec ses copines. J'observe sa silhouette, si vulgaire qu'on croirait qu’elle fait le trottoir, le visage barbouillé comme une enfant qui aurait jouer avec le maquillage de sa mère, une main posée sur les hanches, un mégot rougeoyant coincé entre ses mains blanches, comme une goutte d’or ensanglanté suspendue dans le néant.

C'est drôle, cette fille, on a été amies, il y a très longtemps. J’avais presque oubliée. J’avais presque oubliée nos 7 ans. Tout les mondes parallèles qu’on a inventés, les après midi à faire rouler des petites voitures, à construire des barrages de sables, nos deux poignets qu’on a écorchés d’une pierre pour les frotter l’un contre l’autre et se faire soeur de sang, à la vie à la mort. J’avais oublié qu’on s’asseyait sur la moquette bleue de sa chambre, et qu’on maniait ses barbies en les affublant de nos illusions conformismes sur le bonheur, l’avenir. Sourires artificiels, cheveux blonds et lisses, l’amour sans probléme, et la vie, ça va de soi, la richesse et la réussite semblait des buts ultimes.

 

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Je regarde cette fille qui rigole à l’arrêt, pendant que le bus accumule les minutes de retard. Elle ressemble a toutes ces petites filles croisées en soirée. Ces soirées ou, fumant cigarette sur cigarette, je regarde les gens, silencieuse et invisible, les cendres illuminée finissait par noircir ma jambe relevé, calé sous mon menton, soutenu par un bras. Ces soirées ou les mots se bousculent dans ma tête, coupants, pendant qu'une d'entre elle, au millieu d'un groupe de garçons, se croit femme. Dans ma tête, je lui parle, alors qu'elle a déjà quelque chose de mort, que c'est peut être trop tard, que je ne changerais rien.

«  Mais t’a quoi, 14 ans ? Et t’es avec ces types, t’a pas l’air de comprendre, t'es avec ces types, moi, je les connais, tu comprend pas, tu crois que c’est tes copains, tu crois que vous êtes un groupe de copains, t’est avec eux, mais moi, je sais comment ils traitent les gamines comme toi, je les connais, je te dis, te laisse pas faire, ils ont 20 ans, c’est la classe quand tu le racontes à tes copines, le lundi matin, à la recré, ouais, vous savez, ils ont 20 ans ! Je te comprend, tu sais, a ton age, je t’aurais envier, probablement, cette odeur de fruit mur et interdit dont tu t'envellope, oui, mais moi je les connais, je te dis, je les connais pour de vrai, pour de bon, ne les laisse pas faire ; je te regarde, je les voit qui te tourne autour, qui t’enlacent et collent leurs bouches contre la tienne pour rire, qui touche tes cuisses fuselées dans un collant noir, qui touche ton dos à moitié nu, je te regarde, je crois que ça me fait peur, ou mal, je ne sais pas, mais tu comprend pas, t'es avec eux et je sais que tu m’écouteras jamais, j’essaye même pas de te parler, on est tellement différentes toi et moi, je peux pas t’aider, tu m'écouterai pas, tu n’a même remarqué que j’était là, même pas remarqué ma présence, je m'en fous, j'ai rien contre toi, j'aurai probablement pu t'aimer si tu m'avais seulement regardé, je ne te veux aucun mal, mais je ne t'aiderais pas, j'en suis pas capable,j'existe pas assez pour cela, pourtant, j'ai mal quelque part, j'ai mal pour toi, mal pour quelque chose qui semble déja mort chez toi, pourquoi tu fais ça ? pourquoi tu suis le troupeau des filles façiles comme ça ?

Peu importe, mais juste, je les connais, fait gaffe à toi, ils vont te sucer le sang, le faire couler prématurement,, et quand tu te réveilleras le matin, tu trouveras les draps glacés, et l’aube fade, et tu viendra pleurer dans 6 ans, parce qu’un soir, ta gamine t’aura demandé pourquoi tout les autres gosses ont un père, et pas elle, et pourquoi toi tu est si fine a coté des autres mamans, bien solides, bien campés sur leurs deux pieds.

Je te regarde, et j’espère, j’espère vraiment que tu sauras te défendre, j’espère que j’entendrais pas tes cris quand ils t’auront bouffée toute crue et que tu regardera, étonnée, le sang jaillir du moignon de tes membres qui n’avait pas finit de grandir.... »


Frühling in Paris *
 

Jeudi 18 février 2010 à 21:50

 
- On va pourrir, tu ne vois pas qu'on va pourrir ? On va se faire bouffer, on va se faire broyer, tout cette machine est beaucoup plus forte que nous, mais nous on aura pas envie de ça, pas envie d'y laisser nos peau, bruler oui, mais juste en mots, dans la réalité, si on peut éviter de devenir des cendres, on le fera. On aura pas envie, parce qu'on est pas tout seul, déja, parce que mes bras comme des lianes autour de ton corps pour l'embaumer, parce que ton corps comme un tronc pour m'y appuyer, et que parce que même assis, on brulera toujours, on brulera tant qu'on sera en vie, mais assis, ce feu sera tiéde et bénin, n'empeche qu'il sera, et tu sais, je crois que la vie est plus forte que tout la plupart du temps, et qu'on meurt pas pour une idée, on s'adapte, toujours, cette société contre la quelle on jette nos pavés, contre laquelle on abime nos mains, qu'on accuse d'écraser les plus faibles, qu'on accusent de nous formater, cette société, il faudra bien faire des concessions, sauf si on est trés forts, mais tu sais bien, est ce qu'on sera plus forts que les autres ?. L'homme ne vieilli pas, il pourrit, et c'est peut etre pas si grave, ça peut etre doux, c'est peut etre même ça, le bonheur, la pourriture, sans odeur, puis c'est pas parce qu'on a commençé a pourrir qu'on devient un salaud, non ? Mais moi, c'est pas ça que je veux, et puis, tu sais, il y a toujours un pourcentage de perte, c'est inédiable, on est peut etre que des chiffres en fait, notre seul beauté, c'est que la force de ce chiffre changent d'une personne a l'autre. Mais tu sais, moi, je ne sais pas si je serais assez forte, même en ayant pourris, je ne le serais peut etre pas. Notre verdure, les fleurs de nos cheveux, tout ça, ça s'oxydera a l'air du temps, n'essaye même pas de croire le contraire. 


http://chroniques-rebelles.info/IMG/jpg/medium_mai_68.jpg


Lundi 15 février 2010 à 22:20


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Mes amours aux fers rouges.

Mes amants impalpables, improbables, inatteignables. 

Tout ce sang bouillant, enfoui, enfui.


*

 Ton corps est froid, mon amour.

Plein d’échardes, mon amour.

 Je les ai cherchés sur chaque centimètre de ta peau. J’en ai embrassé la moindre parcelle pour en tirer le venin, qu’importe m’en gorger la bouche, qu’importe l’atrophie de ma candeur sur ta noirceur, qu’importe pour que tu n’en souffre plus jamais, mon amour.

 J’ai rien trouvé.

 Elles sont dans ta tête, mon amour. C’est tes yeux qui saignent, un sang invisible aux miens, que je pourrais jamais boire pour tarir la source.

 Non. Je ne te sauverais pas, mon amour. Je suis arrivée a la fin, fin de ma jouissance : te faire du bien, avoir l’illusion que tu t’éveillera comme un enfant entre mes mains.

Je n’empêcherais pas ton corps de devenir de plus en plus livide, de plus en plus glacé.

Personne d’autre que toi n’aurait pu arracher ces épines là, mon amour.

 
Je ferme tes yeux..

 Ton sang est passé en moi. Ton sang noir.

Au fond, je ne t'ai jamais touché, jamais aidé, je n'ai que passé milles fois mes mains sur la fine et dure couche de glace qui enveloppait ta peau. Ta peau aimé, detesté, désiré.  


Nous somme tous bourreaux, c’est entendu, et tous victimes par extension, par expiation. Cloués à la réalité comme planté sur une planche de chêne par un pieu. Quand la lumière s’est éteinten nous crevant les yeux, ce sont les dernières questions : mais, sommes nous coupables ? De quoi sommes nous coupables ? 

 

*

Apprend moi a en rire



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