Samedi 10 avril 2010 à 22:08
Ce jour là, cette place là, cet après midi là.
Dans la vi(ll)e, j'étais un corps étranger.
Cette ville a un je ne sais quoi d'espoir inaccessible, beau et déçu, de vie qui glisse sur la peau sans la franchir.
Allongué sur le trottoir, j'entend les sons. J'entend les voix, leurs enthousiasme, leur bonheur. Pouvoir communiquer, savoir communiquer, avoir quelque chose à dire, avoir quelqu'un a qui le dire. C'est déjà ça un peu, leurs bonheurs de l'instant : avoir la sensation d'appartenir au monde.
Tout glisse, et rien ne pénètre. Dans la foule si frêle, les regards m'effleurent machinalement, comme un mur blanc.
Le silence.
La batterie me colle aux tempes, la basse s'est insinué dans ma poitrine jusqu'a guider le rythme de mon sang.
Pourtant, la vide du silence, il est assourdissant.
La joue sur le bitume, je regarde le corps des passants.
C'est drôle. On croirait qu'ils existent.
Le soleil me brule la cervelle. Pas que le soleil.
J'examine.
je pourrait m'ouvrir le corps, écarter ma chemise artificiellement colorée et rompre du tranchant d'un scalpel la peau hideuse de mon ventre : je pourrais examiner la chair suintante, les tendons blancs lavés du sang, les poumons comme une foret de cauchemar. Je pourrais, sans plus rien ressentir
Tout cela, c'est extérieur. Entre lui et moi, une ouate épaisse et dégueulasse s'est installé. Entre la réalité et les pulsations de mes veines.
De l'espoir nébuleux en guise de morphine. Que chacun choisisse sa drogue, elles ont un terrible même point commun : la violence de la descente, patchwork de souffrances différentes et vivaces, evanescentes par éclair.
Samedi 3 avril 2010 à 13:42
J'ai jamais aimé les filles.
Leur hypocrisie du bout des levres et leur don, jalousé, pour se faire désirer, pour se faire aimer.
Je me suis jamais prise pour une fille.
J'ai jamais été prise pour une fille.
Sauf parfois, par le crooner ivre de la soirée, qui souriait d'un air sexy à tout ce qui semblait vivant et vaguement doté de deux appendices, puis qui m'entourant la taille pour me faire tourner maladroitement sur du Goldman. Je suis méchante, c'était gentil de leur part.
Et puis parfois, un ersatz de vide, une chaleur diffuse dans les nuits, un roue de secours contre la solitude, à porté de main, probablement. Merci mes aimés, et non mes aimants.
Les bonhommes de neiges déformés hier m'ont surprise. Ma chemise plaqué contre mon corps par la ceinture de sécurité, et les bonhommes sur le tissus, qui suivait les courbes.
Ha bon, j'ai un corps, ha bon. Une corps de fille ? Ha bon.
*
- Tu m'aimes comme une femme ? Tes bras qui me serrent ne mentent pas ? Tes grandes mains posées sur mon dos ne mentent pas, ni ton odeur, ni ce bon chaud ni cette grande confiance qui m'inonde quand j'ai la tête au creux de ton cou ?
- Oui, Antigone, je t'aime comme une femme.
- Je suis noire et maigre. Ismène est rose et dorée comme une fruit. (...) Notre petit garçon, Hémon ! Il aurait eu une maman toute petite, et mal peignée, mais plus sure que toutes les vraies mères du monde avec leur vraies poitrines et leurs grands tabliers. Tu le crois n'est ce pas, toi ? (...) Hier d'abord. Tu me demandais tout à l'heure pourquoi j'était venue avec une robe d'Isméne, ce parfum, et ce rouge à lèvres. J'était bête. Je n'étais pas sûre que tu me désires vraiment et j'avais fait tout cela pour être un peu plus comme les autres filles, pour te donner envie de moi.
- C'était pour cela ?
- Oui. Et tu as ri, et nous nous sommes disputés et mon mauvais caractère a été le plus fort, je me suis sauvée.
*
Nawak.
*