Lundi 21 juin 2010 à 15:05
Que ces photos semblent anciennes.
De quoi est mort ce petit bout de femme ?
Cette silhouette lutine, les musiques française qu'elle chantonnait, et toute sa peur de l'avenir, immense, immense comme le ciel que nous touchions du bout de doigts, sur le pointe des pieds.
Elle est toujours vivante, bien sur que si je m'introduisant à pas de loups dans sa nuit, j'entendrais toujours son coeur qui bat sereinement, bien plus sereinement qu'a l'époque de nous deux, je sentirai toujours la chaleur de sa chair. Mais, elle a cessé de rêver, je l'ai bien vu. Elle en reste quelqu'un de bien, quelqu'un d'aimable, je ne peut rien lui reprocher, mais manifestement, nous n'arrivons plus à partager grand-chose. C'est toujours quelqu'un de bien, mais on dirait qu'il y a quelque chose mort tout en fond d'elle.
Ces rêves aux creux desquels je me pellotonnais, mon corps nu et mon coeur glacé doucement réchauffé, ces rêves là étaient en carton pâte, finalement. Carton tendre et déchiré, alors, tu t'es faite dévorée, mon envolée ?
Je crois qu'elle a fini de rêver, que sa folie est oubliée, et ses désirs légers d'une vie d'amour, de liberté, de musique, ses désirs n'existent plus et je suis seule à les porter, un peu saignants de tout ceux qui ont finit par poser les armes pour s'asseoir sur le coté, et puis s'endormir.
Quelle est cette étrange abandon, cette petite mort de l'âme qui nous touche un à un ?
Nous sommes chaque jour un peu plus nombreux à ranger nos réves au placard, à y tuer le croque mitaine en même temps, et puis à dormir tranquillement en pensant à un futur rationnel et simple.
J'oublie rien de tout cela, je marche toujours pantelante vers mes reves lumineux et impossible. J'oublie rien, et je les revois à mes cotés, du temps ou nous étions tant et tant, du temps de nos 15, 16, 17 ans.
Nous en avons 19, nous en 20 maintenant. Alors, c'est déjà l'heure d'être adulte ? Alors, c'est ça, être adulte ?
J'ai pas d'avenir, j'ignore bien mon futur métier ( est ce que j'en aurai seulement un ? ), j'ignore tout de ma futur maison ( est ce que j'en aurai seulement une ? ), j'ignore si je serais seule ou accompagné, j'ignore l'endroit, j'ignore l'argent que j'aurais. J'ignore tout de ce que je ferais dans seulement un mois. Nous sommes éternellement contenus dans trois petits points de suspensions; et j'ignore tout de ma futur. Mais j'espere simplement que j'aurai la même obssession de choisir, et toujours les mêmes priorités.
Les mélodies passent et restent, les images, les mots et les couleurs, certains compagnons sont là depuis longtemps, et toujours, ils sont là, certains sont encore neuf dans ma mémoire, beaucoup auront le temps de partir, pour beaucoup nous perdrons, pour beaucoup nous blesserons mais j'oublie rien, et j'oublie jamais personne.
Il y a la musique, les mots, les images, il y a mes compagnons, ça fait comme des lucioles sur mon chemin tordu, ça fait des lumières et j'ai envie de les suivre et m'y abandonner.
"Autrefois j'avais connu sur une plage un grand type décharné de la Louisiane appelé Big Slim Hazard, William Holmes Hazard, qui était clochard par vocation. Petit garçon il avait vu monter un clochard pour demander à sa mère un morceau de tarte, et elle le lui avait donné, et quand le clochard était redescendu dans la rue le petit garçon avait dit : "M'man qui est ce type? " "Voyons, c'est un clochard." "M'man je veux être clochard un jour." "Veux-tu te taire, ce n'est pas le genre des Hazard."
Pourtant il n'oublia jamais ce jour et, quand il fut grand, (...) il se fit clochard."
Jack Kerouac, Sur la route
Photos : Mondino *
Samedi 8 mai 2010 à 0:29
05/09. Cette chanson, il la connaissais même pas. Je l'avais écouter seule, tout un soir, il n'était pas là. Il ne m'a pas écrit. Et le lendemain, il m'a parlé de cette soirée, de l'alcool, et de tout son corps affaissé par un chagrin si ancien qu'il semblait originel, marqué comme au fer rouge. Et j'ai imaginer la lumière pâle de l'aube, teintant la rosée abandonnés sur ces cheveux noirs.
12/08. L'étreinte de la fille soleil. Et ses sanglots contre nos corps. Mes joues, mes bras, ma peau, mouillés de ces larmes à elle, et un tout petit peu des miennes, peut être aussi.
On m'avait jamais étreinte comme ça.
"Dis, tu nous écrira ?"
10/07. "Je t'ai fait une ancre Marine ! ". Dans la nuit glacé d'octobre, nos corps brulait, bouillonnait, ruisselait de l'ivresse de la musique et de la foule. Ils étaient tellement gentils, ces bonhommes. La bretagne était paradis, ce jour là, nos mains, pleines de moulins à vent, nos lèvres aux gout de chocolat.
08/06. Les falaises crayeuses et toute la vie au fond des flaques. Nos jeans dans l'eau, à patauger, à fuir. La marée montante, qui nous accule dans les creux. Le vent froid pour l'été, et nous habillé dans la mer. Mon ventre transparent sous le tee shirt blanc. Son soutien-gorge rose fonçé.
06/05. Dernier jour de collège. C'est beau, l'annonce de l'été à 13 ans. Furtive espacade, sous les échos des batailles d'eau aux robinet. Son rire lumineux, son regard claire, et l'épluche légume qui menace, me semble-t-il, à chaque instant, de riper sur nos veines.
Liquide et fuyant, ces moments dérisoires.
Si précieux.
Lundi 3 mai 2010 à 21:31
J'aime une fleur lente à s'épanouir.
C'est par degrés qu'il faut plaire et jouir.
C'est par degrés qu'il faut plaire et jouir.
Samedi 10 avril 2010 à 22:08
Ce jour là, cette place là, cet après midi là.
Dans la vi(ll)e, j'étais un corps étranger.
Cette ville a un je ne sais quoi d'espoir inaccessible, beau et déçu, de vie qui glisse sur la peau sans la franchir.
Allongué sur le trottoir, j'entend les sons. J'entend les voix, leurs enthousiasme, leur bonheur. Pouvoir communiquer, savoir communiquer, avoir quelque chose à dire, avoir quelqu'un a qui le dire. C'est déjà ça un peu, leurs bonheurs de l'instant : avoir la sensation d'appartenir au monde.
Tout glisse, et rien ne pénètre. Dans la foule si frêle, les regards m'effleurent machinalement, comme un mur blanc.
Le silence.
La batterie me colle aux tempes, la basse s'est insinué dans ma poitrine jusqu'a guider le rythme de mon sang.
Pourtant, la vide du silence, il est assourdissant.
La joue sur le bitume, je regarde le corps des passants.
C'est drôle. On croirait qu'ils existent.
Le soleil me brule la cervelle. Pas que le soleil.
J'examine.
je pourrait m'ouvrir le corps, écarter ma chemise artificiellement colorée et rompre du tranchant d'un scalpel la peau hideuse de mon ventre : je pourrais examiner la chair suintante, les tendons blancs lavés du sang, les poumons comme une foret de cauchemar. Je pourrais, sans plus rien ressentir
Tout cela, c'est extérieur. Entre lui et moi, une ouate épaisse et dégueulasse s'est installé. Entre la réalité et les pulsations de mes veines.
De l'espoir nébuleux en guise de morphine. Que chacun choisisse sa drogue, elles ont un terrible même point commun : la violence de la descente, patchwork de souffrances différentes et vivaces, evanescentes par éclair.
Samedi 3 avril 2010 à 13:42
J'ai jamais aimé les filles.
Leur hypocrisie du bout des levres et leur don, jalousé, pour se faire désirer, pour se faire aimer.
Je me suis jamais prise pour une fille.
J'ai jamais été prise pour une fille.
Sauf parfois, par le crooner ivre de la soirée, qui souriait d'un air sexy à tout ce qui semblait vivant et vaguement doté de deux appendices, puis qui m'entourant la taille pour me faire tourner maladroitement sur du Goldman. Je suis méchante, c'était gentil de leur part.
Et puis parfois, un ersatz de vide, une chaleur diffuse dans les nuits, un roue de secours contre la solitude, à porté de main, probablement. Merci mes aimés, et non mes aimants.
Les bonhommes de neiges déformés hier m'ont surprise. Ma chemise plaqué contre mon corps par la ceinture de sécurité, et les bonhommes sur le tissus, qui suivait les courbes.
Ha bon, j'ai un corps, ha bon. Une corps de fille ? Ha bon.
*
- Tu m'aimes comme une femme ? Tes bras qui me serrent ne mentent pas ? Tes grandes mains posées sur mon dos ne mentent pas, ni ton odeur, ni ce bon chaud ni cette grande confiance qui m'inonde quand j'ai la tête au creux de ton cou ?
- Oui, Antigone, je t'aime comme une femme.
- Je suis noire et maigre. Ismène est rose et dorée comme une fruit. (...) Notre petit garçon, Hémon ! Il aurait eu une maman toute petite, et mal peignée, mais plus sure que toutes les vraies mères du monde avec leur vraies poitrines et leurs grands tabliers. Tu le crois n'est ce pas, toi ? (...) Hier d'abord. Tu me demandais tout à l'heure pourquoi j'était venue avec une robe d'Isméne, ce parfum, et ce rouge à lèvres. J'était bête. Je n'étais pas sûre que tu me désires vraiment et j'avais fait tout cela pour être un peu plus comme les autres filles, pour te donner envie de moi.
- C'était pour cela ?
- Oui. Et tu as ri, et nous nous sommes disputés et mon mauvais caractère a été le plus fort, je me suis sauvée.
*
Nawak.
*