- C'est comme si une partie de toi même existait indépendamment de toi, justement. Et pendant son absence, c'est comme si tu vivait avec un morceau de ton corps, de ton cœur en moins. Comme si tu était soudainement mutilé, handicapé au plus profond de ton sentiment d'existence au monde. Tu vois, c'est comme si tu déplacait sur une seule jambe. Mais si il te manquait une partie physique de toi meme, ta douleur serait aux yeux de tous et l'on aurait envers toi les égards et le respect vaguement effrayé qu'on manifeste à un infirme. Mais tu a l'air entier, alors ton coeur clopin clopan, tu doit le porter seul. De tout façon, même si les gens voulait t'aider, ils en seraient incapable. Comment peut on aider un mutilé ? en lui proposant un don de l'organe qui lui manque ? Mais comment peut on combler la mutilation due a une absence ?
- Et puis ?
- Elle a conclu une sorte de pacte avec le soleil, le diable ou dieu. L'astre la haut est devenu terne, fade, a peine tiéde. Toute sa luminosité s'est fondu dans les traits de son visage, elle rayonne comme si elle permettait a la vie autour d'elle d'exister. Et quand elle est la, ta chaleur, cette chaleur vitale et enivrante aux creux de ton ventre, dans tes bras, dans ton corps, c'est comme si elle en étant la créatrice par sa présence, comme si coulait de ses yeux vers les tiens un fluide impalpabe et innommable, une essence de vie. C'est comme si tout tournait autour d'elle, que toute forme d'existence en pouvait apparaitre que par elle, c'est comme si Dieu existait.
- Et puis ?
- Elle est belle. Sa beauté te bouleverse tant que ton coeur cherche furieusement a sortir de ta poitrine, que tes mains tremblent et que tu te mord les joues jusqu'au sang pour t'empecher de fondre en larmes en la voyant si magnifique et si vivante, c'est tellement bon que ça en ait douloureux. C'est incroyable, c'est innimaginable, l'émotion que peut provoquer en toi la paleur de son visage comme baigné du rayon de lune le plus pur. La finesse exquise de sa peau aux poignet, c'est comme si toute la force du monde s'était rassemblé en ce point pour créer à la fois cette ténue fragilité et ce miracle qui fait que toute sa vie semble concentrer à cet endroit. La couleur bleuté de ses veines, leur trajet jusqu'a l'intérieur du poignet, le dessin que cela forme, aussi fascinant que les arabesques des lignes dans l'écorce d'un arbre. Et son pouls, réguliers, aussi rassurant qu'un phare qui passe et repasse, comme si il ne devais jamais s'arreter.
- Et puis ?
- Elle est belle, elle est la preuve meme que la vie existe et pas seulement de façon purement biologique. Elle est si belle que tu en a mal quand tu la voit, bien reelle, heureuse peut etre. Tu te dis qu'elle ne peut etre qu'un miracle, un ange desendu du ciel pour se meler aux humain, pour donner un sens à ta vie. Quand tu la sers dans tes bras, c'est comme si tu renaissais, comme si elle était ta Mére et non une simple génitrice, non pas ta créatrice, mais celle de la vie autour de toi. Comme si tu n'avais jamais vécu que dans l'attente inonsciente de la rencontrer et qu'elle te fasse rendre compte que tu vivais dans un ersatz avant qu'elle ne vienne tout éclairer.
- Et puis ?
- Tu vis tout deux fois. Une fois pour toi, une fois pour lui raconter. Lui décrire ton quotidien et ses petites choses, colorer déjà ta routine, car son contact l'embellira comme seule elle peut répandre une sens autour d'elle, de part son existence. Répandre une beauté vitale, une beauté vitale car elle n'est pas simplement la vie, cette beauté, mais le sens de la vie.
- Et puis ?
- Il n'y plus de et puis. Elle existe et c'est tout, c'est incroyable. Le monde a un sens, les pourquoi sont superciels soudain, futiles, voir completement décalés. Tu est prisonnière de son charme, de la brillance de ses yeux. Prison folle qui t'apprend la vie comme tu ne l'aurait jamais cru possible, qui trouve des portes dont tu n'aurai jamais soupçonner jusqu'a l'existence. Tu est dépendant de sa présence et la vie n'existe plus vraiment, plus qu'a moitié, plus qu'en apparence quand elle est absente. Et si elle disparait, si elle t'oublie ou meurt, c'est comme si le monde mourrait autour de toi, c'est comme si toi aussi tu était demi décédé.