Lundi 9 mars 2009 à 22:09
J'aurai voulu pouvoir éclater en larmes, me mettre le visage dans les mains et pleurer sans retenue, à gros sanglots bruyants comme une toute petite fille qui, furtivement, se serait sentit orpheline.
Et tout doucement, comme la grande fille je suis sensée être, je pleurais dans un couloir désert, secouer de cette émotion violente, immaîtrisable, des moments ou tout semble échapper a notre contrôle, ou la fatalité aurait pris le dessus, avec son immense cruauté. Tout doucement, en retenant le bruit des sanglots pour ne pas interpeller les classes à coté, les classes pour qui le monde suivait son court normal, et qui n'avais même pas remarquer que le mien avait brusquement muté. Comme les gens qui se demanderont comment le soleil a bien pu continuer de se lever aprés les attentats du 11 septembre, je me suis demandé comment le monde autour pouvait continuer de tourner si tranquillement. Comment se faisait il que tout ce qui nous touche ne semblait aucunement influencer sa marche ? Notre monde a pris un tel coup, comment le monde extérieur, pourtant le notre puisqu'on en fait partis, pouvant sentir son existence, pouvait continuer comme d'ordinaire ? Le monde entier n'a jamais su, Le monde entier n'a meme pas vu, le monde entier n'est pas là pour ça.
J'aurai cru que certaines choses ne changerait jamais. Non pas rationnellement, j'ai bien appris qu'on mourrait tous, que nos corps pourriront dans la terre, que nos âmes monteront au ciel, au purgatoire, ou ne monteront nulle part puisqu'elles n'existent pas, selon les croyances. Mais tenter d'apprendre ça pragmatiquement, c'est comme dire à un enfant consciencieusement en train de vider un pot de 1kg d'une certaine marque de pate au chocolat que j'men voudrais de citer, que si il ne s'arréte pas, il ne pourra plus voir quoique ce soit qui rapelle le chocolat dans les 3 semaines a venir sans avoir l'impression que son estomac a brusquement décidé de se douer d'une vie propre et de s'inscrire dans des répétitions de groupes d'acrobates. Selon toutes probabilités, le gamin en question va adopter l'attitude du "cause toujours", bien qu'ayant compris parfaitement l'aspect logique, théorique et rationnelle de vos propos. Mais c'est qu'une fois qu'il aura fait l'expérience qu'il comprendra reellement le sens de ce que vous avez dit. Parce qu'un enseignement verbal n'a strictement aucune valeur tant qu'on a vécu par soi même.
C'est pas la premier fois que je croise la mort au détour d'un chemin, non. Mais, au fil du temps et des expériences, elle reste toujours aussi violente, quelque soit la forme qu'elle endosse. Elle tue toujours des choses trop différente pour qu'on espére s'y habituer et les comprendre. En admettant qu'il y est la moindre once de compréhension à apporter dans tout cela.
Et puis la froideur, l'engourdissement. Aprés la violence giflante, insensée de mots tels que "...est morte cette nuit" et les émotions qui déferlent. La journée s'écoule et l'information se fait incompréhensible. On croirait qu'on a envellopé dans un coton glaçé, qui coupe toute sensation, les mots si durs. Quoi ? Qu'est ce qui se passe ? Qui est mort ? Mort, c'est a dire ? Comment ça ? Qu'est ce que tu veux dire ? Qu'est ce que tu entend pas là ? Je ne comprend pas ce que tu dis. Je comprend bien chaque mot séparement, je comprend bien les mots tout ensemble, d'un point de vue purement grammatical. Mais je ne comprend pas le fond de ce que tu dis. ça n'a meme pas le charme de mots saugrenus ou déconcertants. Ces mots sont vides, ne se rattachent à rien. Repete les plusieurs fois. En les articulants bien. Ils ont de moins en moins de sens. Mort, tu veux dire ? Que c'est finit ? Qu'il y a une fin ? C'est possible ? Que tout s'est arreté ? Mais ça peut s'arreter ? Les choses, les gens peuvent cesser d'exister, comme ça ? Je veux dire, vraiment ? Elle ne va pas se relever tout d'un coup, tu est sur ? Elle ne va pas s'écrier "surprise", et tout reprendra son cours ? Tu est sur ? Comment ça, tu est sur ? ça rime a rien, tu le sais trés bien, que ça ne rime a rien, non ? Qu'elle va forcement se relever, forcement, immanquablement ? Ou que le temps va se rembobiner, qu'elle s'écroulera pas, toute seule chez elle. Il va se rembobiner encore, elle ne sera pas malade. Elle ne vieilliera pas. C'était une blague au fond, n'est ce pas ? Qu'elle vieillissait, qu'on vieillisait tous, qu'on va mourrir tous, non ? Quelqu'un aurait du s'écrier "Stop, coupez !", et tout aurait repris normalement. Ca aurait du se passer comme ça. Forcement. Pourquoi tu dit le contraire ?
Elle aurait repris sa vie normale, sa place discrete mais toujours présente qu'elle a toujours eu dans ma vie. Elle aurait continuer à nous appeller trois fois par semaine, comme avant. Pour dire toujours les memes choses, peu importe. Ca aurait du continuer, forcement. Comment ça peut s'arreter d'un coup ? Comment les choses peuvent s'arreter, alors qu'elles ont toujours été ? Pourquoi elles ont été, si elles doivent s'arréter ? Elle aurait du nous voir passer le bac, forcement tu m'imagine passer le bac sans sa voix fatiguée au bout du fil pour me féliciter ? Tu imagine, les écoles qu'on fera l'année prochaine l'année, qu'elle avait conscieusement noté sur un papier, avec le cursus et la ville. Le papier qui n'aura servit a rien, parce qu'elle ne nous verra jamais ces étoiles. Tu imagine, le DVD de la Tosca qu'on lui avait offert il y a quelques semaines et qu'elle n'a peut etre meme pas eu le temps de regarder ? Tu peut imaginer ça ? Que le DVD est peut etre toujours emballé dans son emballage plastique, et qu'elle ne le verra jamais ? Parce qu'elle n'existe plus, on m'a dit. Tu imagine, ça toi ? Mais comment tu peut l'imaginer ? Comment tu peut imaginer quelque chose d'aussi dénué de logique ? Que je ne retournerai peut etre jamais chez elle ? Ou pour tout vider et vendre la maison. Vendre la maison. La vider. Cette maison, sans elle dedans. Sans elle. Parce qu'elle n'est plus là. Plus là ? Plus là ou ? Ici ? Ici ? Tu veux dire que la photo sépia sur la television, nos portrait sur les murs, les bibelots que j'ai toujours vu exactement au meme place depuis que je suis en age de m'en souvenir, le miroir dans la salle de bain que j'ai cassé étant petite, tout ça, on va l'enlever ? Que c'est quelque chose que j'aurait cru immuable inconsciemment va malgrés tout muer ?
Allo maman bobo *
Commentaires
Par Jeudi 25 février 2010 à 13:39
le Moi aussi je pensais que c'qu'on nous dit quand on est petit, c'est vrai, ceux qu'on aime, ils ne sont pas disparus, ils sont juste invisibles, je continuerai tjrs à le croire, paskon est tjrs des enfants hein? moi oui. Meme si c'est lache de croire ça.. je sais que ceux que j'ai perdu, ils continueront tjrs a vivre là où je ne les vois pas. Merci pr tes mots justes. ♥
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Et... et... je pourrais dire que je suis désolée pour toi, pour elle, mais au fond ça ne changerait rien. Tout ce qu'on pourra écrire ne changera rien.
Et dans la douleur, tu continues de trouver les mots justes, plus justes encore. Et elle peut être fière de toi, crois-moi, où qu'elle soit.
C'est idiot, mais j'ai trouvé réconfortant de savoir que ma cousine était une étoile. Alors ta grand-mère est peut-être une étoile, et elle brille, tu sais, c'est comme le Roi Lion.
Et l'absence... Comme dans "Au Parc", qui m'a fait pleurer deux ans après.
Je t'envoie du courage et un câlin virtuel, qui est très peu de choses mais il y a une rennaise qui pense à toi...