Lundi 26 mai 2008 à 21:21


" Je suis pas trés sur que Phoebé comprenait ce dont quoi je parlais, aprés c'est qu'une petite fille. Mais au moins elle écoutait. Si au moins quelqu'un écoute c'est déjà pas mal.

Je pensai a quelque chose. Quelque chose de dingue. J'ai dit " Tu sais ce que je voudrais être ? Tu sais ce que je voudrais être si on me laissait choisir, bordel ?
- Quoi ? Dis pas de gros mots.
- Tu connais la chanson " Si un coeur attrape un coeur qui vient à travers les seigles" ? Je voudrais...
-  C'est « Si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles ». C'est un poème de Robert Burns.
- Je le sais bien que c'est un poème de Robert Burs. Je croyais que c'était "Si un cœur attrape un cœur". Bon. Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté  au bord d'une saleté de falaise. Ce que j'ai à faire c'est attraper les mômes s'ils s'approchent trop près du bord. Je veux dire s'ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. D'accord, c'est dingue."

La môme Phoebé, pendant longtemps elle a rien dit. Puis quand elle a dit quelque chose elle a dit "Papa va te tuer".
J'ai dit " S'il le fait, je m'en fous pas mal".  "






Mercredi 21 mai 2008 à 22:20



- C'est comme si une partie de toi même existait indépendamment de toi, justement. Et pendant son absence, c'est comme si tu vivait avec un morceau de ton corps, de ton cœur en moins. Comme si tu était soudainement mutilé, handicapé au plus profond de ton sentiment d'existence au monde. Tu vois, c'est comme si tu déplacait sur une seule jambe. Mais si il te manquait une partie physique de toi meme, ta douleur serait aux yeux de tous et l'on aurait envers toi les égards et le respect vaguement effrayé qu'on manifeste à un infirme. Mais tu a l'air entier, alors ton coeur clopin clopan, tu doit le porter seul. De tout façon, même si les gens voulait t'aider, ils en seraient incapable. Comment peut on aider un mutilé ? en lui proposant un don de l'organe qui lui manque ? Mais comment peut on combler la mutilation due a une absence ?

- Et puis ?

- Elle a conclu une sorte de pacte avec le soleil, le diable ou dieu. L'astre la haut est devenu terne, fade, a peine tiéde. Toute sa luminosité s'est fondu dans les traits de son visage, elle rayonne comme si elle permettait a la vie autour d'elle d'exister. Et quand elle est la, ta chaleur, cette chaleur vitale et enivrante aux creux de ton ventre, dans tes bras, dans ton corps, c'est comme si elle en étant la créatrice par sa présence, comme si coulait de ses yeux  vers les tiens un fluide impalpabe et innommable, une essence de vie. C'est comme si tout tournait autour d'elle, que toute forme d'existence en pouvait apparaitre que par elle, c'est comme si Dieu existait.

- Et puis ?

- Elle est belle. Sa beauté te bouleverse tant que ton coeur cherche furieusement a sortir de ta poitrine, que tes mains tremblent et que tu te mord les joues jusqu'au sang pour t'empecher de fondre en larmes en la voyant si magnifique et si vivante, c'est tellement bon que ça en ait douloureux. C'est incroyable, c'est innimaginable, l'émotion que peut provoquer en toi la paleur de son visage comme baigné du rayon de lune le plus pur. La finesse exquise de sa peau aux poignet, c'est comme si toute la force du monde s'était rassemblé en ce point pour créer à la fois cette ténue fragilité et ce miracle qui fait que toute sa vie semble concentrer à cet endroit. La couleur bleuté de ses veines, leur trajet jusqu'a l'intérieur du poignet, le dessin que cela forme, aussi fascinant que les arabesques des lignes dans l'écorce d'un arbre. Et son pouls, réguliers, aussi rassurant qu'un phare qui passe et repasse, comme si il ne devais jamais s'arreter.

- Et puis ?

- Elle est belle, elle est la preuve meme que la vie existe et pas seulement de façon purement biologique. Elle est si belle que tu en a mal quand tu la voit, bien reelle, heureuse peut etre. Tu te dis qu'elle ne peut etre qu'un miracle, un ange desendu du ciel pour se meler aux humain, pour donner un sens à ta vie. Quand tu la sers dans tes bras, c'est comme si tu renaissais, comme si elle était ta Mére et non une simple génitrice, non pas ta créatrice, mais celle de la vie autour de toi. Comme si tu n'avais jamais vécu que dans l'attente inonsciente de la rencontrer et qu'elle te fasse rendre compte que tu vivais dans un ersatz avant qu'elle ne vienne tout éclairer.

- Et puis ?

- Tu vis tout deux fois. Une fois pour toi, une fois pour lui raconter. Lui décrire ton quotidien et ses petites choses, colorer déjà ta routine, car son contact l'embellira comme seule elle peut répandre une sens autour d'elle, de part son existence. Répandre une beauté vitale, une beauté vitale car elle n'est pas simplement la vie, cette beauté, mais le sens de la vie.

- Et puis ?


- Il n'y plus de et puis.
Elle existe et c'est tout, c'est incroyable. Le monde a un sens, les pourquoi sont superciels soudain, futiles, voir completement décalés. Tu est prisonnière de son charme, de la brillance de ses yeux. Prison folle qui t'apprend la vie comme tu ne l'aurait jamais cru possible, qui trouve des portes dont tu n'aurai jamais soupçonner jusqu'a l'existence. Tu est dépendant de sa présence et la vie n'existe plus vraiment, plus qu'a moitié, plus qu'en apparence quand elle est absente. Et si elle disparait, si elle t'oublie ou meurt, c'est comme si le monde mourrait autour de toi, c'est comme si toi aussi tu était demi décédé.



 





Samedi 17 mai 2008 à 22:49



J'ai la vie qui m' pique les yeux. J'ai mon p'tit cœur qu'est tout bleu. Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut. Pas beaucoup, mais un p'tit peu.

J' m'interesse plus à grand chose. Même pas fatigué, j' me r'pose. J' bois la vie à toute petite dose. J' vois plus la couleur des roses. Dans ma guitare, y a plus rien. Plus une note, plus un refrain.. Dans mes doigts, y a rien qui tient. Dans ma peau, y a qu' du chagrin.



Au bistrot du temps qui passe, j' bois un verre à la terrasse. J' me dis qu' à l'école de l'angoisse, j' s'rai toujours l' premier d' la classe. C'est toujours un fond d' tiroir. C'est toujours un train qui part.

J' voudrais vivre rien qu'en vacances, qu' ce soit tous les jours bizance, qu' ce soit tous les jours l'enfance, dans un monde que d'innocence. Mais, j' vis tout seul, et dans mon dictionnaire de rimes, avec amour, y a qu' déprime.


Dimanche 4 mai 2008 à 21:11



Je voulais
je l'avoue

danser
 joue contre joue
,
 je l'avoue
je rêvais

de te faire tournoyer
.
Respirer
cet air frais
.
 Regarder
rayonner

le visage
d'un amour

qui ne verra peut être pas la jour










Dimanche 27 avril 2008 à 15:37





Château de sable, soirée du 25/04/08

Claire decide de prendre par l'intérieur des terres et se dirige vers le nord, pour renouer avec la côte et silloner les routes, plus étroites, qui montent et descendent sans arrêt, à gauche le bocage, les moutons, les champs de blé, à droite la mer par dessous les falaises. Un peu plus loin, bordé des galets, le bout du monde, le sentiment qu'elle ne pourra jamais aller plus loin que cela.

Perdu à des milliers de kilomètres, elle ne se sentirait pas plus au bord extrême du monde. On pourrait se laisser tomber à l'eau et mourrir tranquille, se dit Claire. Perdue dans ses K Way, Claire longe l'eau interminablement, avec le vent de côté, les moutons pas loin, l'herbe rase. Puis elle repart en songeant que Loïc a dû trouver là ce qu'il cherchait, ce lieu nouveau, et qu'on a toujours connu. Claire sent bien qu'ici, en son bord extrême, en sa fin prochaine, en sa retraite même, elle, comme Loïc, puisqu'ils sont pareils, identiques, pourrait se sentir appartenir au monde.
Elle sait que Loïc ne partira plus, que les cartes postales se succéderont nombreuses, toutes portant le cachet des environs, La Hague, Portbail ou même plus au sud, qu'importe.





Epave prés du port, le 23/04/08

Claire est là depuis trois jours. Elle a peu dormi, s'est baladé beaucoup, a sillonné les environs. Elle a pris du vent plein le visage, s'est laissé engourdir par le froid, est revenu sur la plageet a regardé les gouttes d'eau sur sa peau, qui glissent ou s'étalent. Eclatent même parfois. Elle a marché le long de l'eau, même lorsqu'il avait plu. Elle a aimé ça, la mer sous la pluie, le ciel un peu bas, le vent, ce quelque chose de mélancolique, de doucement nostalgique. Nous sommes des monstres de nostalgie, disait Loïc.





Randonné dans les terres, le 23/04/08

Portbail, ce n'est pas grand chose au millieu des marais, au bord de l'océan. c'est moins un village pour touristes qu'un lieu pour vivre, avec le sentiment de toucher quelque chose de juste, cette "vérité des choses" dont parle la chanson. C'est désert. Une ou deux trés belles maison semblent des lieux ou vivre serait possible. Claire hésite a formuler ce qu'elle pense vraiment de cet endroit. Ce sentiment d'enracinement à la fois trés neuf et trés ancien. Cette évidence, aussi.


Je vais bien, ne t'en fait pas d'Olivier Adam



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